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Le rôle des émotions dans l'apprentissage

Quel rôle les émotions jouent-elles dans les apprentissages ? Cette question fait encore débat, mais la plupart des chercheurs s'accordent sur un point : on apprend mieux  en prenant plaisir. Les émotions négatives freinent, les émotions positives stimulent. Les professeurs qui savent capter l'attention des élèves, qui les mettent à l'aise sont les plus productifs. On réussit plus facilement un exercice lorsqu'on est détendu et on augmente le plaisir d'apprendre quand on comprend de quoi on parle. Plaisir et compréhension vont donc de pair. A l'inverse, la peur de l'échec, d'une mauvaise note, d'une punition, a plutôt tendance à paralyser l'élève. Il y aurait donc d'un côté les émotions positives (le plaisir d'apprendre, la sécurité affective) qui favoriseraient l'apprentissage et de l'autre les émotions négatives (la peur, l'impuissance, la culpabilité) qui l'inhiberaient. Cette opposition reste cependant discutée dans la communauté scientifique. En observant des tuteurs et leurs stagiaires en soin mortuaires, le chercheur Long Pham Quang a montré que toute émotion forte, qu'elle soit positive ou négative déclenche une réorganisation mentale sur le plan affectif. Le cerveau pourrait alors  se saisir de cette dynamique pour enchainer sur une réorganisation cognitive, c'est-à-dire entrer dans un processus d'apprentissage.

Le philosophe Pierre Livet évoque, quant à lui, l'exemple du mathématicien confronté à l'impossibilité de résoudre un problème. Son ingéniosité à trouver une voie de sortie s'expliquerait par le besoin de compenser l'aspect dépressif de cet échec. Selon cette hypothèse, il n'y aurait donc pas de "mauvaise émotion" paralysant en soi les apprentissages. Des recherches sur la mémoire vont dans le même sens. Des stimuli émotionnels puissants comme la menace ou la surprise, favoriseraient la mémorisation (même si le trop-plein d'émotions risque de nous faire perdre quelques détails au passage). On retient mieux les souvenirs associés à une émotion forte. en serait-il de même pour les savoirs ?

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Sciences Humaines-Numéro spécial 296S- Sept Oct 2017-page 35

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